Greenwashers: les identifier pour mieux orienter ta carrière
Greenwashers. Ce nom, tu l’entends partout. Tellement partout que tu ne sais plus vraiment si c’est quelque chose de sérieux ou le titre du prochain Marvel. On dirait un truc super novateur (même si ça fait plus de 10 ans qu’on l’utilise). En tout cas propre au 21e siècle.
Et pourtant — au risque de te choquer — le greenwashing à proprement parler n’est pas nouveau. Comme l’explique cet article du magazine Le 1, les exaspérations des riverains contre la pollution remontent à la première révolution industrielle. Les acteurs économiques du 19e siècle ont vu dans le recyclage un moyen de réduire les coûts, mais surtout de « calmer les voisins (…) et de fonder en raison le laisser faire » (Jean Baptiste Fressoz, historien).
Dans cet article on va t’expliquer ce qu’est un greenwasher, le pourquoi du comment du parce que. Mais surtout, on va te donner des cartes pour apprendre à les distinguer et rejoindre une entreprise vraiment vertueuse.
Si on reprend les bases : on peut traduire le greenwashing par “éco-blanchissement”. Ça désigne la façon dont une entreprise fait passer sa marque comme vertueuse pour l’environnement alors qu’en fait pas du tout. Elle crée un label qui n’existe que pour elle, elle peint littéralement ses produits en vert, rajoute un maximum de nature dans ses pubs. Ici on ne citera pas de nom, mais tu vois bien qu’il y a des tonnes d’exemples dans le monde automobile et du textile. Souvent, ces marques ne disent pas qu’elles bannissent les méthodes polluantes, c’est ce qu’on appelle un mensonge par omission.
Pourquoi tant d’effort pour greenwasher ?
Tout bêtement parce qu’il s’agit d’une attente des collaborateurs en puissance, particulièrement chez ceux qui ont entre 25 et 35 ans (également appelés “millennials”).
62% d’entre eux ne veulent travailler que pour des entreprises qui ont un impact environnemental et social positif (Source : Etude Global Tolerance)
Les problématiques RSE sont devenues, au cours des 10 dernières années, un véritable enjeux pour la marque employeur. Si une organisation veut attirer et retenir des talents, il faut qu’elle montre qu’elle fait des efforts pour ne pas se concentrer uniquement sur le profit. Mais on peut montrer sans pour autant prouver…
Pourquoi ça marche de Greenwasher ?
Déjà parce que c’est difficile de punir le mensonge par omission. L’ARPP, qui contrôle la qualité juridique d’une publicité, n’a pas le pouvoir de décider si une marque qui se prétend verte l’est effectivement ou pas. Il existe cependant un observatoire indépendant de la publicité créé par différentes ONG environnementales : l’OIP. Son rôle : alerter sur les marques qui ont recours au greenwashing. Il publie un classement des pires spots utilisant l’argument écologique. Mais sans soutien de la loi, les marques qui blanchissent ont plus de chance de rester.
Dans documentaire intitulé « l’illusion verte », le réalisateur Werner Boote nous explique à quel point l’opacité des systèmes de production joue en faveur des marques, qui peuvent créer leur propre label. A moins d’une régulation stricte, les grandes industries profiteront de cette zone grise pour produire à moindres coûts.
La bonne nouvelle c’est :
1/ Qu’il existe tout de même de nombreux labels auxquels tu peux te fier (AB, Ecolabel européen)
2/ Qu’il y a même des outils (Yuka en tête) et des ressources (rapports annuels d’activité) qui obligent les organisations à faire preuve de plus de transparence
3/ Qu’en tant que futur.e employé.e, tu as le pouvoir de favoriser les bonnes initiatives.
Mais alors se pose pour toi un problème de taille : Comment t’assurer que la boîte que tu vises est plus eco-friendly que greenwasher (pardon my French) ?
Tu as à ta dispositions plusieurs cartes secrètes :
- La carte de l’enquête :
Cet article du Temps partage une liste ultra précieuse de questions que les journalistes se posent eux même quand ils approchent une entreprise.
1. La démarche environnementale touche-t-elle au cœur d’activité de l’entité ?
2. Les objectifs annoncés sont-ils chiffrés et planifiés selon un calendrier et une méthode clairs ?
3. Le vocabulaire et les unités employés sont-ils précis ?
4. La démarche environnementale concerne-t-elle l’ensemble des activités de l’entreprise ?
5. L’entreprise est-elle suffisamment transparente sur sa chaîne d’approvisionnement et son circuit de distribution ?
6. La personne chargée des questions environnementales est-elle membre de la direction générale de l’entreprise ?
7. L’entreprise fait-elle amende honorable sur d’éventuelles critiques crédibles et récentes pour des atteintes à l’environnement ?
- La carte des certifications :
Phenix a répertorié pour toi tous les labels qui t’assurent que ton entreprise est globalement « conscious », ce qui inclue du coup l’aspect écologique. Le must, parce que c’est sûrement le plus difficile à avoir, c’est l’appellation B Corp. Il faut tout de même être prudent parce que certaines branches d’un groupe peuvent être certifiées, tandis que d’autres — beaucoup moins vertueuses — ne le sont pas.
- La carte de l’entretien :
Tu peux croire que tu es la seule personne passée au crible de l’entretien. Mais le rapport de force est souvent plus équilibré que ça, surtout si tu as toutes les qualifications pour le poste. S’ils ont besoin de toi, il faut qu’ils te démontrent ce qui fait l’identité de l’entreprise. C’est là que tu peux exercer tes talents de détective : pour vérifier la réalité du discours, le meilleur moyen c’est de faire parler le plus possible. Poser des questions qui se recoupent, regarder si le tout semble cohérent (par exemple : « que faites-vous globalement pour le recyclage » et plus tard « à quelle fréquence / quoi et où recyclez-vous ? »).
Au bout du compte, une entreprise qui est franche dans son investissement écologique le prouvera par ses actions. Si tu hésites sur l’honnêteté d’un recruteur, demande des preuves. Toujours et encore plus de preuves.